lundi 6 février 2012
Contraste
Vous savez, quand j'ai réalisé que j'aurais l'opportunité de partir en Afrique, j'ai eu peur. Je fus effrayée par la perspective d'un lointain inconnu dans un contraste culturel aussi flagrant. Ainsi confrontée à cette idée et à mon envie de découvrir cet univers, j'ai donc foncé dans cet aventure les yeux fermés. Évidemment, avant d'y mettre les pieds, j'ai dû y être préparée. C'est maintenant que je me demande si l'on peut réellement y être préparé. J'ai constaté, en tant que société, que nous avons une vision assez restreinte de ce vaste continent. Dans le confort de nos repères sociaux, on y voit les savanes et leur faune sauvage impressionnante, images provenant souvent des livres de notre enfance. On entend partout que la pauvreté y règne en maître, ainsi que certaines maladies incurables. On croit à l'étouffante chaleur sans jamais vraiment pouvoir l'imaginer ainsi qu'à la sécheresse des paysages désertiques. On s'imagine avoir la force de sauver les enfants de la malnutrition ou d'aider les populations à progresser tandis qu'elles sont à l'heure du Québec il y a 50 ans. L'Afrique, le Burkina Faso, c'est autre chose. C'est un endroit où l'on se retrouve confronté à soi-même éprouvant pour la première fois le sentiment d'être en minorité. Le sable rouge sous tes pas et la chaleur devenant de plus en plus intense, tu marches en te faisant aborder par le sourire chaleureux des passants, surtout des enfants. En tant que toubabou, tu ne passes pas inaperçu. Tu sens l'odeur de la nourriture sur le bord de la route et du diesel des motos qui roulent à toute vitesse. Le Burkina c'est des femmes qui travaillent à la sueur de leur front ancrées dans des méthodes traditionnelles fascinantes dans un seul but; subvenir aux besoins de leur familles. C'est aussi des gens qui se soucient peu du temps, valeur qui n'existe pas. Ici, c'est prendre le temps au lieu de le compter. C'est bâtir des relations solides par la force d'une chaleur humaine contagieuse qui ne s'oublie pas. Ce qui est fascinant, c'est de constater qu'entre s'imaginer et le vivre, il y a une marge significative installée par chacun des sens. À l'ombre d'un manguier, à travers la poussière, je vous raconte un peu de mon Afrique; un endroit où je respire la vie. À travers ses imperfections, le Burkina Faso colore à sa façon chaque parcelle de celui qui y met les pieds. C'est inévitable, que je le désire ou pas, cette terre fait maintenant partie de moi.
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