vendredi 30 décembre 2011

Derniers préparatifs. Noël 2011


Quelques jours avant les vacances, photo de 10 des 11 stagiaires. Manque Simon Bouchard. On se retrouve le 7 janvier au laboratoire pour la distribution des passeports, billets aériens et validation des bagages collectifs. Chantal-Eric en est à sa seconde mission après celle de l'an dernier (Dounia2011) et moi, le Vieux Tiennou, à ma quatrième ( 1999,2007 et 2010)en plus d'une mission à Banfora l'hiver dernier.
Rangée arrière: Arnaud, Béatrice, Roxanne, Nadine et Léticia.
Rangée devant: Léa, Geneviève, Catherine, Mélyssa et Marie-Pier.

mardi 22 février 2011

Terre fertile

Le compte à rebours est maintenant bien enclenché, j’appréhende un départ douloureux et une arrivée remplie d’émotions.
Dans une semaine je quitterai une famille que j’aime et un quotidien que je ne saurais reproduire, mais je retrouverai une famille que j’aime et un quotidien qui m’est familier.
On m’a plantée en terre africaine il y a de cela 7 semaines. On m’a plantée, mais je ne me sentais pas tout à fait prête à m’arrêter, suspendre ma vie.
On m’a plantée il y a de cela 7 semaines en terre africaine. Cette terre orange feu qui réfléchie la couleur du soleil qui s’acharne sans cesse sur elle. On m’a plantée et j’ai grandi. J’ai d’abord observé à la manière d’un bébé, puis j’ai imité comme le fait un enfant, maintenant je me sens plus grande.
Arrivée à la fin qui me paraissait si loin, je ne me sens pas assez mûre pour être retirée de cette « terre des hommes intègres ». Pas mûre, pas tout à fait prête à m’arrêter, suspendre ma vie.
Le changement m’effraie. Je ne serais jamais mûre, jamais prête à être retirée des terres qui me bercent, me mettent en confiance. Je sais maintenant que c’est l’euphorie qu’il procure qui en fait toute sa beauté.

Marie-Julie Ouellet

lundi 14 février 2011

Allah ka aôn be deme


Déjà la troisième semaine de notre séjour en Afrique qui s’achève au moment où j’écris ces lignes. Cela nous rappelle à quel point la vie est éphémère, mais tellement savoureuse. Les mots me manquent pour rendre hommage à l’expérience que nous vivons? Bien sûr, le quotidien est très différent ici. Nos sens sont fortement sollicités par la rupture avec l’univers que l’on connaît chez nous. Toutefois, au-delà de l’expérience sensible du pays d’accueil, c’est tout une autre dimension que l’on découvre et il faut y être pour la comprendre.
En ce sens, le stage que nous accomplissons nous donne la chance d’être liés intimement avec une autre culture. Qu’on savoure le tô en famille, qu’on travaille dans nos milieux de stage au rythme Burkinabè ou qu’on soit dans les rues bondées de Banfora au marché du dimanche, c’est le même riche héritage, fruit d’une construction sociale longue de plusieurs millénaires qui transcende tous ces gens que nous côtoyons. C’est aussi la même fascination que nous entretenons envers les différents codes culturels, presque impénétrables pour les étrangers, qui animent les habitudes des gens ici.
C’est alors que dans ce monde, à première vue insaisissable, on parvient à approfondir nos échanges avec la communauté d’accueil et que le partage prend tout son sens. On découvre vite que notre semblable se questionne et se fascine devant les mêmes idées et la même mère nature. L’échange continu et il n’est pas question de savoir qui d’entre nous détient le sens le plus juste à la vie, mais plutôt comment va-t-on faire pour partager ensemble la beauté de tout ce qui est perceptible ou imaginable. De cette façon, la découverte d’une autre culture est très enrichissante puisque tous les peuples ont leurs façons de faire l’éloge de la vie par le rythme, dans les parfums et les saveurs des aliments, dans leur palabre ou par toute autre façon abstraite de s’exprimer artistiquement culturellement et socialement. C’est une occasion de tisser des liens de réciprocité entre deux mondes qui ont beaucoup à partager.
Allah ka aôn be deme, pour qu’on y laisse pousser le Baobab et qu’il complète la jeune flore qu’est l’humanité.
Émanuel Duguay

lundi 31 janvier 2011

« Les damnés de la terre » (Franz Fanon)



Le Burkina Faso c’est la terre d’accueil des étrangers, c’est celle des sourires, des salutations, de la chaleur humaine, des chefs traditionnels, des femmes laborieuses, de la solidarité, de la musique, de la danse, de l’artisanat, du plus important festival du cinéma et de la télévision du continent, celle d’un peuple fier qui lutte pour exister.

Le Burkina Faso c’est aussi le pays de la canne à sucre, de l’arachide, du sorgho, du mil, du maïs, du riz, du coton, des fruits, de la culture maraichère, de l’élevage, des mines; des mines de zinc, de fer, de cuivre, et surtout des mines d’or.

L’observateur attentif verra aussi le pays de l’homme endormi sur le sol épuisé par la chaleur et la faim, celui des enfants qui mendient, celui de la malnutrition, celui des classes trop nombreuses, celui de la pauvreté devenue endémique, celui des indigents, celui des handicapés mentaux qui errent dans les villes, celui du VIH/SIDA, celui de la mort omniprésente, celui de la domination des grandes ONG et des consultants en 4X4, celui des multinationales qui exploitent les ressources du pays à leur seul profit, celui d’un État incapable.

L’Afrique c’est aussi celle des Ben Ali, Laurent Gbagbo, Hosni Moubarak, mais aussi des Franz Fanon, des Nelson Mandela et des Tiken Jah Fakoly.

À Banfora les motos sont plus grosses, les voitures plus luxueuses, les portables plus performants, la violence est en augmentation. Le Burkina change, le Faso se modernise pour le meilleur et le pire.

L’Afrique aux mille visages tantôt tristes ou résignés, mais le plus souvent celui du continent le plus ouvert et le plus humaniste de la planète.

Jean Murdock

samedi 29 janvier 2011

Hommage à 3+5=8


par Chantal-Éric Dumais

Des mains qui s’écartent en branche d’étoile et qui vacillent de droite à gauche. Et plusieurs dents qui captent la lumière qui vient des yeux ouverts en grand. Des mots. Souvent les mêmes qui s’en échappent d’abord. Toubabou ici. Tilé (soleil) qui pèse 40 degrés. Très haut mais touche le sol qui reçoit les trois pieds en mouvement, le 4e en foulée. Toubabous marchent par 2 ou 3 pour une demi-douzaine de talons en babouche.

C’est le mercredi. Se retrouvent tous dans cette villa des partages. S’y racontent les chiffres de 1 à 10. 1 correspondant au total des moments d’extases manqués et 10, un mélange de lucidité tranquille qui fait du bien. Se bousculent en collier de regards, un critère dans chaque bras. Et la famille? Et la santé? Et le groupe et les milieux de stage? Tous assurés d’une place de choix dans le salon respectueux des échanges. Tous différents mais pareils en présence. Et s’additionne l’expérience de chacun des ventres qui bourdonnent en un groupe à un seul cœur. Immense, à plusieurs bouches, heureuses, qui parlent d’Afrique et d’y être là. Uni par les espaces pleins, loin du connu et du surfait. Se découvrent ailleurs, là où ils ne croyaient pas s’y voir. Je les entends se trouver un peu plus. Je les vois s’exposer. Ils sont eux. Je les aime.

1 toubabou, 2 toubabous, 3, 4, 5 toubabous, 6 toubabous, 7 et 8 toubabous extraordinaires. Je suis fière de les accompagner, eux.

Merci les stagiaires xxx.

jeudi 27 janvier 2011

Mon Burkina Faso


Pour moi, le Burkina Faso, c’est un moment tournant de ma vie, c’est une expérience qui me permettra de faire le point sur bien des choses

C’est ce que je vois. C’est Ouaga, c’est Banfora, c’est la maison de madame Coulibaly ses murs bleus et son manguier; ce sont les restaurants, les hôtels, les cases et les kiosques de vente; ce sont les Cascades et le lac de Tengrela.

C’est aussi ce que je lis. Ce sont les sigles, partout; c’est AEC, qu’il faut différencier d’AECO, c’est AVO/Sida et le centre Rakieta qui œuvrent dans les programmes SR/PF de BURCASSO subventionnés par le PAMAC ou dans le nouveau CHR, c’est le RELOPESS qui nous accueille.

C’est aussi ce que j’entends. C’est le moré, le dioula, c’est le français avec l’accent français avec l’accent; c’est le bruit des mobylettes, des sonnettes et des klaxons; ce sont les pleurs des enfants ou leur joie quand ils voient les toubabous; c’est la musique d’ici, les djembés, les balafons.

C’est aussi ce que je sens. Ça commence par la fumée, puis la poussière; ce sont ensuite les parfums, les fleurs de lotus, et les fruits de toutes sortes.

C’est aussi ce que je goûte. Ce sont les viandes, le riz, les pâtes, le tô, encore les fruits, les mangues, les bananes, les frites, la sauce arachide, l’igname, le bissap, le Fanta, le Coca-Cola et j’en oublie.

C’est aussi ce que je touche. C’est le sable, sur la peau, sous mes pieds, c’est la terre dure des routes; c’est l’eau qui coule des douches, l’eau froide; ce sont les poignées de main; c’est aussi le vent qui souffle et la poussière qui est emportée.

C’est ça mon Burkina Faso!

lundi 24 janvier 2011

S’apprivoiser



De Ouaga à Banfora, nous avons vu, durant notre descente, le paysage sahélien se métamorphoser en un véritable paradis gorgé d’arbres fleuris, fruitiers et parfois habités par des oiseaux et des margouillats (Lézard). La température est plus clémente et les Banforalais plus qu’accueillants.

C’est donc avec beaucoup de fébrilité que nous avons découvert nos familles d’accueil et que nous sommes partis chacun de notre côté en mobylette, en voiture ou encore à pied, pour nous diriger vers ce qui allait être notre demeure pour 2 mois.

Pour ma part, lorsque nous avons quitté le groupe, j’étais un peu ébranlé. D’abord parce qu’une jupe ce n’est pas très confortable en mobylette, mais également parce que plus nous nous éloignions, plus je me sentais perdu, nous avons traversé le goudron en entier jusqu’à tomber sur le chemin de sable. De là, nous sommes passés devant de petits commerces, des maisons plutôt modestes et des champs. En me retournant, j’ai vu la ville s’éloigner et j’avoue avoir eu un instant de panique. En arrivant à la maison, la nuit était tombée et j’ai été accueilli par les grognements d’un GROS chien. Ne sachant pas trop s’il était attaché, j’ai presque couru dans la maison puis j’ai été accueilli par personne? Il n’y avait personne. Moi qui m’attendais à une maison bondée, il n’y avait personne. Par contre, la maison était magnifique, une grande cour, de jolis palmiers, de belles fenêtres, de beaux sofas… impeccable la maison. Un peu plus tard, j’ai rencontré le reste de ma famille, une sœur de 15 ans et mon père monsieur Moussa, j’ai aussi un frère à Ouagadougou qui étudie et c’est tout. Toute petite famille. Je ne me suis pas couché très tard et le lendemain matin on m’annonçait que je passerais la journée toute seule. J’ai donc, comme d’autres, passé la journée en solitaire. Ce qui n’a pas été facile parce que quand tu n’as rien à faire, tu rumines… est-ce que la nourriture va être bonne? Est-ce que je vais être malade? Est-ce que je vais me réveiller avec un cafard sur mon oreiller? S’il m’arrive quelque chose, il n’y a personne et je n’ai pas de téléphone qu’est-ce que je fais? Et les autres, ils sont proches les uns des autres? Parce que moi je savais que ce n’était pas le cas. Le soir, ma mère d’accueil trouvait que je ne mangeais pas beaucoup, tout le monde se parle en Dioula, tu ne comprends rien même en essayant, le chien essaie de te manger à chaque fois que tu mets le pied dehors… je peux vous dire que pour ma première journée, j’aurais donné n’importe quoi pour être chez moi et je crois bien que je n’étais pas la seule. Totalement dépaysé, la langue, les odeurs, les sons et ce, toute seule. Quand Chantale et Jean sont passés, j’avais l’impression qu’il y avait des jours que je ne les avais pas vus, ils ont su se montrer très rassurants.

Durant de la semaine, ce qui s’avisait être un cauchemar parce qu’il y a un apprivoisement relativement difficile à faire des deux côtés ce révèle être une expérience extraordinaire. En discutant de nos cultures, on apprend à se comprendre et la vie en commune devient plus facile. Ils s’habituent à notre alimentation plus maigre que la leur, à nos peurs infondées des cafards, etc. Pour certains le tout a été facile dès le départ, mais pour d’autres comme moi, ça aura pris près d’une semaine avant d’être à l’aise. Mais qui aurait cru que l’on peu créer des liens si forts en si peu de temps. Je peux aujourd’hui affirmer sans gêne que j’ai une famille en Afrique.

On peut aussi parler d’apprivoisement des milieux de stage, qu’on ait des milieux actifs ou moins, il faut s’habituer au rythme africain plutôt bonasse et bien plus agréable à vivre que le nôtre et eux doivent s’habituer à nous qui voulons toujours que tout aille vite et pourtant les choses n’avancent pas plus vite.

Ici, il faut prendre son temps il ne faut pas le compter. Ici, il faut saluer les gens et en Dioula s’il vous plait. Ici, il faut sourire parce que tous les enfants te sourient et qu’il est difficile de faire autrement. Ici, on est des Toubabous. Ici, il faut manger vite, mais prendre notre temps pour digérer. Ici, il y a du Whisky en sachet! Ici, c’est différent, mais c’est bien et je crois pouvoir affirmer en regardant le visage de mes collègues que malgré la distance avec nos familles ou nos amoureux ;) nous sommes heureux d’y être et on en profite au max.

Alors pas la peine de vous inquiétez, y’a pas de problèmes!

Gabrielle Rivard

lundi 17 janvier 2011

Un moment des plus paradisiaque…




Par Chantal-Éric Dumais
À travers une nature banforalaise luxuriante, nos pas s’avancent, curieux, entre les arbres majestueux. Ces géants qui s’étirent les bras, comme ça vers le ciel, et qui laissent passer la lumière attrayante, créant l’apparition d’instants presque magiques. Nos regards, à demi plissés contre les rayons blancs, osent se poser sur de grands enlacements d’arbres unis en chevauchée. Au loin, le bruit de l’eau qui appel le les corps, humides, transpirants. Quelques pas de plus en montée pour entendre le réel. Les yeux, trop grands pour les trous, s’écarquillent. Les voilà, ces cascades qui s’écoulent entre les rochers empilés en strates, en escaliers et en plateaux, offrant ainsi une succession de petits bassins. L’eau y est fraiche, une peau qui la désire. S’y perdre momentanément afin de goûter sa mouillure. Encore et plusieurs fois. Un après-midi d’une sensualité naturellement exquise…

samedi 15 janvier 2011

Les premières impressions


Après de longues heures d’attente, de fébrilité, après avoir volé au dessus de l’Atlantique en passant par la cime des montagnes de l’Algérie et du désert du Sahara, nous sommes finalement arrivés à Ouagadougou le 6 janvier en soirée.

Ouagadougou est une ville d’environ 2 000 000 d’âmes… et de plusieurs ânes! La première chose qu’on remarque du pays, si on regarde avec nos yeux nord-américains, c’est la population étonnante d’animaux de toutes sortes dans les rues qui se mélangent aux nombreux habitants de la ville. Enfants, poules, chèvres, chiens, chats, ânes, mobylettes; il y a de la place pour tout le monde!

Lors de notre court séjour dans la capitale, nous avons été invités à une fête qui se donnait à la résidence de l’ambassadeur du Canada dans le quartier « OUAGA 2000».
Ouaga 2000, c’est la richesse qui côtoie la pauvreté. À notre retour à l’auberge où on logeait, Mahmoud, le gardien des lieux, nous a dit ; « vous êtes allés à Ouaga 2000? C’est propre, hein? Il n’y a même plus de bouffe pour les ânes!»

Les burkinabés me font penser à un beau mélange entre la sagesse, la naïveté et la spontanéité. Le droit d’ainesse et le respect des traditions burkinabés laissent place à des réflexions qui nous surprennent à chaque fois. Tout a une signification; chacun des gestes, chacune des couleurs.

Ici, la lune est différente de chez nous. Elle est inversée, ce qui donne l’impression qu’elle nous sourit; la lune est en sourire et les étoiles sont dans les yeux des burkinabés.
Pour tous ceux qui ont un être cher ici, ou partout ailleurs dans le monde, dites vous que quand nous regardons le soleil, nous regardons le même que vous (excepté que le notre est beaucoup plus chaud ! ah ah ah). Vous nous manquez, mais nous sommes à l’aube d’une très grande expérience. Probablement une des plus grandes de toute notre vie.
Merci à tous pour votre support.
Nous vous aimons beaucoup.
À bientôt
Xxx
Les toubabous Québécois.
Marie-Soleil-Farman-Jutras

mardi 4 janvier 2011


L'Afrique nous attend...

Le voilier est certainement en sécurité au port, mais tout le monde sait que ce dernier est fait pour la mer. Dans quelque temps je quitterai ma patrie pour découvrir un continent, un pays, une ville, une famille, une terre inconnue pleine de mystères et d’histoires à me raconter. J’aimerais vous dire qu’avec tous ces cours que nous avons eus, tous ces films, documentaires et livres que nous avons lus que nous connaissons le pays dans lequel nous nous en allons, mais cela serait faux. Évidemment, je peux vous donner des statistiques, tout le monde peut, mais il y a de ces expériences qui doivent être vécues, respirées, goûtées, suées, marchées, etc. Je troque mon sapin pour un baobab, ma tuque pour une casquette. J’amène avec moi ces mêmes yeux avides d’images et de découvertes, ces mêmes pieds qui me feront fouler la terre des hommes intègres et ce même cœur qui je l’espère, sera submergé de bonheur. Il y a un an, je me suis engagé au sein d’un groupe ne sachant jamais à quel point, 12 mois plus tard, je serais inspiré par cette union. Je comprends aujourd’hui plus que jamais auparavant la force d’un groupe. Comment me sentir loin de chez moi alors que j’amène avec moi en quelque sorte une famille? Oui comme toutes bonnes familles nous avons eut de bons et de mauvais moments, mais au-delà de tout, nous nous sommes soutenus et aujourd’hui partons fier et confiant vers l’aventure.

Anthony Bergeron 4 janvier 2011