lundi 24 janvier 2011

S’apprivoiser



De Ouaga à Banfora, nous avons vu, durant notre descente, le paysage sahélien se métamorphoser en un véritable paradis gorgé d’arbres fleuris, fruitiers et parfois habités par des oiseaux et des margouillats (Lézard). La température est plus clémente et les Banforalais plus qu’accueillants.

C’est donc avec beaucoup de fébrilité que nous avons découvert nos familles d’accueil et que nous sommes partis chacun de notre côté en mobylette, en voiture ou encore à pied, pour nous diriger vers ce qui allait être notre demeure pour 2 mois.

Pour ma part, lorsque nous avons quitté le groupe, j’étais un peu ébranlé. D’abord parce qu’une jupe ce n’est pas très confortable en mobylette, mais également parce que plus nous nous éloignions, plus je me sentais perdu, nous avons traversé le goudron en entier jusqu’à tomber sur le chemin de sable. De là, nous sommes passés devant de petits commerces, des maisons plutôt modestes et des champs. En me retournant, j’ai vu la ville s’éloigner et j’avoue avoir eu un instant de panique. En arrivant à la maison, la nuit était tombée et j’ai été accueilli par les grognements d’un GROS chien. Ne sachant pas trop s’il était attaché, j’ai presque couru dans la maison puis j’ai été accueilli par personne? Il n’y avait personne. Moi qui m’attendais à une maison bondée, il n’y avait personne. Par contre, la maison était magnifique, une grande cour, de jolis palmiers, de belles fenêtres, de beaux sofas… impeccable la maison. Un peu plus tard, j’ai rencontré le reste de ma famille, une sœur de 15 ans et mon père monsieur Moussa, j’ai aussi un frère à Ouagadougou qui étudie et c’est tout. Toute petite famille. Je ne me suis pas couché très tard et le lendemain matin on m’annonçait que je passerais la journée toute seule. J’ai donc, comme d’autres, passé la journée en solitaire. Ce qui n’a pas été facile parce que quand tu n’as rien à faire, tu rumines… est-ce que la nourriture va être bonne? Est-ce que je vais être malade? Est-ce que je vais me réveiller avec un cafard sur mon oreiller? S’il m’arrive quelque chose, il n’y a personne et je n’ai pas de téléphone qu’est-ce que je fais? Et les autres, ils sont proches les uns des autres? Parce que moi je savais que ce n’était pas le cas. Le soir, ma mère d’accueil trouvait que je ne mangeais pas beaucoup, tout le monde se parle en Dioula, tu ne comprends rien même en essayant, le chien essaie de te manger à chaque fois que tu mets le pied dehors… je peux vous dire que pour ma première journée, j’aurais donné n’importe quoi pour être chez moi et je crois bien que je n’étais pas la seule. Totalement dépaysé, la langue, les odeurs, les sons et ce, toute seule. Quand Chantale et Jean sont passés, j’avais l’impression qu’il y avait des jours que je ne les avais pas vus, ils ont su se montrer très rassurants.

Durant de la semaine, ce qui s’avisait être un cauchemar parce qu’il y a un apprivoisement relativement difficile à faire des deux côtés ce révèle être une expérience extraordinaire. En discutant de nos cultures, on apprend à se comprendre et la vie en commune devient plus facile. Ils s’habituent à notre alimentation plus maigre que la leur, à nos peurs infondées des cafards, etc. Pour certains le tout a été facile dès le départ, mais pour d’autres comme moi, ça aura pris près d’une semaine avant d’être à l’aise. Mais qui aurait cru que l’on peu créer des liens si forts en si peu de temps. Je peux aujourd’hui affirmer sans gêne que j’ai une famille en Afrique.

On peut aussi parler d’apprivoisement des milieux de stage, qu’on ait des milieux actifs ou moins, il faut s’habituer au rythme africain plutôt bonasse et bien plus agréable à vivre que le nôtre et eux doivent s’habituer à nous qui voulons toujours que tout aille vite et pourtant les choses n’avancent pas plus vite.

Ici, il faut prendre son temps il ne faut pas le compter. Ici, il faut saluer les gens et en Dioula s’il vous plait. Ici, il faut sourire parce que tous les enfants te sourient et qu’il est difficile de faire autrement. Ici, on est des Toubabous. Ici, il faut manger vite, mais prendre notre temps pour digérer. Ici, il y a du Whisky en sachet! Ici, c’est différent, mais c’est bien et je crois pouvoir affirmer en regardant le visage de mes collègues que malgré la distance avec nos familles ou nos amoureux ;) nous sommes heureux d’y être et on en profite au max.

Alors pas la peine de vous inquiétez, y’a pas de problèmes!

Gabrielle Rivard

1 commentaire:

Loco a dit…

Beau texte Gabrielle!

Luc B