mardi 22 février 2011

Terre fertile

Le compte à rebours est maintenant bien enclenché, j’appréhende un départ douloureux et une arrivée remplie d’émotions.
Dans une semaine je quitterai une famille que j’aime et un quotidien que je ne saurais reproduire, mais je retrouverai une famille que j’aime et un quotidien qui m’est familier.
On m’a plantée en terre africaine il y a de cela 7 semaines. On m’a plantée, mais je ne me sentais pas tout à fait prête à m’arrêter, suspendre ma vie.
On m’a plantée il y a de cela 7 semaines en terre africaine. Cette terre orange feu qui réfléchie la couleur du soleil qui s’acharne sans cesse sur elle. On m’a plantée et j’ai grandi. J’ai d’abord observé à la manière d’un bébé, puis j’ai imité comme le fait un enfant, maintenant je me sens plus grande.
Arrivée à la fin qui me paraissait si loin, je ne me sens pas assez mûre pour être retirée de cette « terre des hommes intègres ». Pas mûre, pas tout à fait prête à m’arrêter, suspendre ma vie.
Le changement m’effraie. Je ne serais jamais mûre, jamais prête à être retirée des terres qui me bercent, me mettent en confiance. Je sais maintenant que c’est l’euphorie qu’il procure qui en fait toute sa beauté.

Marie-Julie Ouellet

lundi 14 février 2011

Allah ka aôn be deme


Déjà la troisième semaine de notre séjour en Afrique qui s’achève au moment où j’écris ces lignes. Cela nous rappelle à quel point la vie est éphémère, mais tellement savoureuse. Les mots me manquent pour rendre hommage à l’expérience que nous vivons? Bien sûr, le quotidien est très différent ici. Nos sens sont fortement sollicités par la rupture avec l’univers que l’on connaît chez nous. Toutefois, au-delà de l’expérience sensible du pays d’accueil, c’est tout une autre dimension que l’on découvre et il faut y être pour la comprendre.
En ce sens, le stage que nous accomplissons nous donne la chance d’être liés intimement avec une autre culture. Qu’on savoure le tô en famille, qu’on travaille dans nos milieux de stage au rythme Burkinabè ou qu’on soit dans les rues bondées de Banfora au marché du dimanche, c’est le même riche héritage, fruit d’une construction sociale longue de plusieurs millénaires qui transcende tous ces gens que nous côtoyons. C’est aussi la même fascination que nous entretenons envers les différents codes culturels, presque impénétrables pour les étrangers, qui animent les habitudes des gens ici.
C’est alors que dans ce monde, à première vue insaisissable, on parvient à approfondir nos échanges avec la communauté d’accueil et que le partage prend tout son sens. On découvre vite que notre semblable se questionne et se fascine devant les mêmes idées et la même mère nature. L’échange continu et il n’est pas question de savoir qui d’entre nous détient le sens le plus juste à la vie, mais plutôt comment va-t-on faire pour partager ensemble la beauté de tout ce qui est perceptible ou imaginable. De cette façon, la découverte d’une autre culture est très enrichissante puisque tous les peuples ont leurs façons de faire l’éloge de la vie par le rythme, dans les parfums et les saveurs des aliments, dans leur palabre ou par toute autre façon abstraite de s’exprimer artistiquement culturellement et socialement. C’est une occasion de tisser des liens de réciprocité entre deux mondes qui ont beaucoup à partager.
Allah ka aôn be deme, pour qu’on y laisse pousser le Baobab et qu’il complète la jeune flore qu’est l’humanité.
Émanuel Duguay